Boycotter, vraiment ?
Et si on coupait tout ? On produit ici, on consomme ici. Moins de dépendance, moins de risques. L’idée semble séduisante… jusqu’à ce que la réalité nous rattrape.
Et si on coupait tout? On arrête de commercer. On boycotte les grandes puissances. On produit ici, on consomme ici. Moins de dépendance, moins d’ennuis. L’idée séduit. Sur le papier. Mais dans la vraie vie, c’est autre chose. Le 9 avril, les exportations suisses vers les Etats-Unis étaient surtaxées à 31 %… avant que Donald Trump ne rétropédale dans la soirée. Résultat: commandes suspendues, PME sous pression, inquiétude dans les cantons industriels. L’ouverture n’est pas un caprice. C’est notre ADN économique. Un franc sur deux est gagné à l’étranger. Couper ces liens, ce n’est pas résister. C’est s’affaiblir. Ce ne sont pas les multinationales qui souffrent en premier, mais les ateliers, les apprentis, les fournisseurs d’ici.
Alors oui, le monde devient brutal. Mais ce n’est pas en se repliant qu’on se protège. La Suisse agit autrement. Elle fait valoir son poids: 6e investisseur aux USA, 1er en Recherche et Développement (R&D), 400’000 emplois soutenus sur place. Elle ouvre d’autres portes: en Asie du Sud-Est, en Amérique latine. Elle anticipe, modernise, négocie. Et surtout, elle renforce son socle. L’Union Européenne reste, de très loin, notre 1er partenaire: 50% de nos exportations, 70% de nos importations. Ce lien n’est pas accessoire. Il est vital. La voie bilatérale, on la connaît. Elle soutient nos exportations, nos emplois. Ce chemin familier semble aller de soi, mais il ne s’entretient pas tout seul. Il faut l’actualiser, le consolider. C’est ça aussi, défendre nos intérêts. Dans un monde incertain, la Suisse reste plus forte quand elle reste ouverte. S’isoler par principe, c’est se tirer une balle dans le pied.
Opinion parue dans le journal Genève Home Informations (GHI) du 23 avril 2025