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Un arro­sage anti­so­cial: l’ini­tia­tive «AVS­plus» face aux faits

Pour­quoi l’ini­tia­tive «AVS­plus» de l’Union syn­di­cale suisse affai­blit-elle l’AVS au lieu de la ren­for­cer? Lisez notre fiche d’in­for­ma­tion.

Lan­cée par l’Union syn­di­cale suisse (USS), l’ini­tia­tive AVS­plus réclame une hausse de 10% de toutes les rentes AVS. A l’ap­pui de cette exi­gence, le syn­di­cat explique que les rentes n’ont pas véri­ta­ble­ment aug­menté depuis 40 ans. Dans de nom­breux cas, affirme-t-il, les rentes actuelles n’as­surent plus un niveau de vie décent durant la retraite. Le pre­mier pilier doit donc être ren­forcé. Les ini­tiants ajoutent que si les besoins vitaux des ren­tiers sont cou­verts cor­rec­te­ment, alors moins de per­sonnes seraient tri­bu­taires des pres­ta­tions com­plé­men­taires. Ainsi que l’ont décidé le Conseil fédé­ral et le Par­le­ment, cette ini­tia­tive doit être reje­tée pour les trois rai­sons sui­vantes :

Garan­tir la santé finan­cière de l’AVS plu­tôt qu’en étendre les pres­ta­tions

En 2014, et pour la pre­mière fois de son his­toire, l’AVS a dépensé plus qu’elle n’a encaissé. C’est notam­ment dû au fait que les retrai­tés vivent plus long­temps. Il s’agit d’une évo­lu­tion réjouis­sante, mais qui conduit à une pro­lon­ga­tion de la période de ver­se­ment des rentes. À cela s’ajoutent l’ar­ri­vée de la géné­ra­tion des baby-boo­mers à l’âge de la retraite et l’en­trée des jeunes sur le mar­ché du tra­vail. En bref, le nombre de ren­tiers AVS aug­men­tera alors que celui des tra­vailleurs coti­sants sera en baisse. En rai­son de cet allon­ge­ment de l’es­pé­rance de vie et du nombre crois­sant de béné­fi­ciaires de rentes par rap­port à la popu­la­tion active, l’AVS connaît déjà un pro­blème struc­tu­rel. Il s’ac­cen­tuera avec les années et pro­vo­quera une perte de 7.5 mil­liards de francs à l’ho­ri­zon 2030.

Afin d’as­su­rer la péren­nité de l’AVS, d’épar­gner les ren­tiers et de pré­ser­ver les coti­sants, il est néces­saire de repen­ser le sys­tème par une réforme struc­tu­relle totale – le pro­jet Pré­voyance 2020 actuel­le­ment en cours de trai­te­ment au Par­le­ment fédé­ral – et non par une aug­men­ta­tion for­fai­taire des rentes qui ne résou­dra pas le pro­blème de fond. Il est impor­tant de pou­voir garan­tir les rentes, plu­tôt que les étendre.

L’aug­men­ta­tion des rentes coû­te­rait des mil­liards

Selon l’ini­tia­tive, tous les retrai­tés, sans excep­tion, per­ce­vraient une aug­men­ta­tion de 10% de leur rente AVS, qu’ils soient aisés ou qu’ils béné­fi­cient de pres­ta­tions com­plé­men­taires. Cette ral­longe de rente est une erreur qui coûte cher. En effet, l’ac­cep­ta­tion de l’ini­tia­tive obli­ge­rait à trou­ver chaque année 5.5 mil­liards de francs sup­plé­men­taires d’ici 2030. Ce mon­tant s’ajou­te­rait donc au défi­cit de 7.5 mil­liards de francs déjà pré­vi­sible et creu­se­rait ainsi un gouffre de près de 13 mil­liards de francs chaque année. Selon les ini­tiants, l’aug­men­ta­tion des rentes devrait être finan­cée par une aug­men­ta­tion des coti­sa­tions sala­riales. Mais il serait injuste de pré­le­ver des mil­liards de francs sur les salaires de la géné­ra­tion à venir ! Il ne serait pas cor­rect de faire peser cette charge sup­plé­men­taire sur les jeunes familles qui joignent déjà dif­fi­ci­le­ment les deux bouts à la fin du mois.

L’ini­tia­tive ne pro­fite pas aux ren­tiers modestes

L’AVS est l’as­su­rance sociale la plus soli­daire. Les per­sonnes ayant de hauts salaires financent bien plus for­te­ment l’AVS que ce qu’elles en retirent à la retraite. C’est ainsi qu’elles par­ti­cipent aux rentes des per­sonnes moins aisées. C’est une excel­lente chose ! Tout le contraire des chan­ge­ments absurdes que l’ini­tia­tive AVS­plus pour­rait pro­vo­quer chez les ren­tiers modestes. En effet, les béné­fi­ciaires actuels des pres­ta­tions com­plé­men­taires AVS ne seraient en aucun cas favo­ri­sés par l’ini­tia­tive. Comme la rente AVS aug­men­te­rait, les pres­ta­tions com­plé­men­taires seraient inévi­ta­ble­ment réduites dans la même pro­por­tion. Au final, pour neuf béné­fi­ciaires de pres­ta­tions com­plé­men­taires sur dix, il n’y aurait pas plus d’ar­gent dans le por­te­mon­naie à la fin du mois. Pour les per­sonnes per­dant tout droit aux pres­ta­tions com­plé­men­taires en rai­son de la hausse de leur rente, soit un béné­fi­ciaire de pres­ta­tions com­plé­men­taires sur dix, la situa­tion serait encore plus défa­vo­rable. D’une part, leur fac­ture d’im­pôt pour­rait aug­men­ter, les rentes AVS étant impo­sables, contrai­re­ment aux pres­ta­tions com­plé­men­taires. D’autre part ces per­sonnes pour­raient voir leur sub­ven­tion à la prime d’as­su­rance-mala­die se réduire. Elles per­draient aussi le droit au rem­bour­se­ment des frais de mala­die et d’in­va­li­dité et ne seraient plus exo­né­rées de la rede­vance Billag.

Si les auteurs de l’ini­tia­tive pensent aider les ren­tiers modestes au moyen de cette ini­tia­tive, ils se trompent mani­fes­te­ment de voie : celle-ci ne favo­rise fina­le­ment que les ren­tiers qui n’en ont pas besoin.

 

Plus d’ar­gu­ments et d’in­for­ma­tions contre l’ini­tia­tive AVS­plus sous www.​avsplus-​non.​ch.