Frau mit Maske, Winterjacke und Mütze

Consé­quences du coro­na­vi­rus: la détente esti­vale sera-t-elle sui­vie du blues hiver­nal?

La der­nière enquête menée par eco­no­mie­suisse auprès d’en­tre­prises, d’as­so­cia­tions sec­to­rielles et de Chambres de com­merce suisses montre que, après les pre­miers signes de reprise cet été, le scep­ti­cisme gagne du ter­rain. La crise du coro­na­vi­rus n’est pas encore sur­mon­tée – et on s’at­tend à un hiver dif­fi­cile.

Après l’ef­fon­dre­ment des acti­vi­tés au prin­temps, la situa­tion éco­no­mique de nom­breuses entre­prises suisses s’est déten­due pen­dant l’été. Mal­gré une situa­tion tou­jours dif­fi­cile, la reprise par­tielle a été un réel sou­la­ge­ment pour la popu­la­tion et les entre­prises. Aussi la moi­tié envi­ron des sec­teurs signalent-ils une amé­lio­ra­tion de la situa­tion par rap­port à la fin du mois de mai. D’autres s’en sortent tou­te­fois moins bien: un cin­quième des per­sonnes inter­ro­gées estiment que la situa­tion s’est dété­rio­rée. Cela concerne presque tous les sec­teurs expor­ta­teurs, excepté l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique. Du côté des biens d’équi­pe­ment en par­ti­cu­lier, la baisse des com­mandes au pre­mier semestre 2020 se tra­duit aujour­d’hui par des sur­ca­pa­ci­tés.

En ce qui concerne l’éco­no­mie indi­gène, sont par­ti­cu­liè­re­ment tou­chées les entre­prises des sec­teurs qui ne sont tou­jours pas auto­ri­sés à mener leurs acti­vi­tés ou qui sont tou­jours sou­mis à des res­tric­tions strictes, tels que l’évé­ne­men­tiel, les voya­gistes, la res­tau­ra­tion ou les ven­deurs sur les mar­chés. Des assu­reurs font éga­le­ment état, c’est nou­veau, d’une dété­rio­ra­tion de la situa­tion pour leurs acti­vi­tés, car ils vendent moins de pro­duits d’as­su­rance et encaissent ainsi moins de primes. Aucune reprise ne se des­sine pour l’ins­tant dans les sec­teurs du conseil, de la com­mu­ni­ca­tion, du mar­ke­ting et de la publi­cité. Les man­dats sont sou­vent peu nom­breux, car quan­tité d’en­tre­prises réduisent ces dépenses afin de com­pri­mer rapi­de­ment leurs coûts.

De sombres pers­pec­tives

Après un été rela­ti­ve­ment calme et moins mau­vais qu’at­tendu, la situa­tion s’as­som­brit à nou­veau. Les dif­fi­cul­tés concer­nant les ventes sur le mar­ché inté­rieur avaient sen­si­ble­ment dimi­nué en été mais vont pro­ba­ble­ment aug­men­ter à nou­veau au cours des deux pro­chains mois. Force est de consta­ter que les mar­chés d’ex­por­ta­tion ne se sont pas encore redres­sés. Les ventes à l’étran­ger posent tou­jours pro­blème pour plus de 70% des entre­prises expor­ta­trices, les­quelles ne s’at­tendent pas à une amé­lio­ra­tion dans les deux pro­chains mois.

Les absences au tra­vail ont aug­menté de manière signi­fi­ca­tive, car un nombre crois­sant de per­sonnes sont en qua­ran­taine ou en iso­le­ment. En par­ti­cu­lier dans les entre­prises où il est abso­lu­ment néces­saire de tra­vailler en équipe (mon­tage de machines, par exemple), il y a un risque que des équipes entières fassent défec­tion si une per­sonne pré­sente des symp­tômes. Cela dit, les absences pour cause de qua­ran­taine ne pèsent pas seule­ment sur les acti­vi­tés à effec­tuer en équipe. D’une manière géné­rale, elles repré­sentent un sérieux défi opé­ra­tion­nel. Il est donc impor­tant pour les entre­prises que les résul­tats des tests soient dis­po­nibles le plus rapi­de­ment pos­sible et que la qua­ran­taine soit limi­tée à la durée stric­te­ment néces­saire afin que les employés puissent reprendre le tra­vail au plus vite.

Les chaînes de valeur posent moins de pro­blèmes aux entre­prises actuel­le­ment. Celles-ci ren­contrent certes encore des pro­blèmes en ce qui concerne l’achat de pro­duits semi-finis, mais bien moindres qu’au prin­temps. Seuls 21% des sec­teurs sont tou­chés. Un des pro­blèmes est que, pour des rai­sons évi­dentes, cer­tains four­nis­seurs ne garan­tissent pas la dis­po­ni­bi­lité ni les dates de livrai­son. Cela com­plique la pla­ni­fi­ca­tion des com­mandes de pro­duits semi-finis et ne devrait pas chan­ger ces deux pro­chains mois. La situa­tion reste vola­tile. Il faut s’at­tendre à ce que d’autres régions et sec­teurs soient pro­chai­ne­ment sous le coup de res­tric­tions.

Grafik zur Unternehmensumfrage

 

On s’at­tend à une aug­men­ta­tion des faillites et des licen­cie­ments

Si, sous l'angle du pro­duit inté­rieur brut, la plu­part des sec­teurs semblent avoir sur­monté le pire, c’est au tour de la popu­la­tion de subir les consé­quences de la crise éco­no­mique cet hiver: les licen­cie­ments, les fer­me­tures d’en­tre­prises et les faillites aug­men­te­ront, au plus tard lorsque les mesures de sou­tien tels que les cré­dits Covid-19 et le chô­mage par­tiel s’ar­rê­te­ront. De nom­breuses entre­prises qui ont sur­tout fait face à des pro­blèmes de liqui­di­tés à court terme sont main­te­nant éga­le­ment confron­tées à des dif­fi­cul­tés finan­cières à long terme. D’un côté, les prêts Covid-19 sont dans bien des cas épui­sés et les cré­dits pri­vés sont plus dif­fi­ciles à obte­nir (sur­tout dans les sec­teurs avec de faibles marges béné­fi­ciaires). De l’autre, les fonds propres des entre­prises fondent len­te­ment, ce qui crée, dans cer­tains cas, des pro­blèmes de sol­va­bi­lité - et ce, indé­pen­dam­ment des mesures éta­tiques et pri­vées visant à garan­tir les liqui­di­tés. Cela s’avère être le cas en par­ti­cu­lier pour les entre­prises ayant des coûts fixes éle­vés et qui ne peuvent adap­ter leur modèle d’af­faires rapi­de­ment. En moyenne, ce risque concerne 5% des entre­prises envi­ron. La situa­tion varie tou­te­fois d’un sec­teur à l’autre. Les chiffres rela­tifs à la res­tau­ra­tion, à l’hô­tel­le­rie et à l’in­dus­trie MEM indiquent que la part des entre­prises tou­chées se situe entre 5% et 15%. Le pro­blème est sans doute plus mar­qué dans l’évé­ne­men­tiel et chez les voya­gistes, mais nous n’avons pas de chiffres pré­cis pour ces sec­teurs.

L’évo­lu­tion des pro­chains mois sera déter­mi­nante. Pour évi­ter des faillites et des licen­cie­ments, il faut avant tout nor­ma­li­ser les acti­vi­tés des entre­prises. Ainsi, le sort des entre­prises dépend en grande par­tie de la capa­cité de l’État à évi­ter de nou­velles res­tric­tions des acti­vi­tés éco­no­miques et un deuxième semi-confi­ne­ment.


Infor­ma­tions rela­tives à l’en­quête

 

L’en­quête a été menée par eco­no­mie­suisse en col­la­bo­ra­tion avec le Secré­ta­riat d’État à l’éco­no­mie (SECO) entre les 17 et 23 sep­tembre 2020. Elle conte­nait les ques­tions des enquêtes pré­cé­dentes, dont eco­no­mie­suisse a pré­senté les résul­tats le 26 mars, le 17 avril et le 12 mai et le 9 juin, ainsi que d’autres. Au total, 268 per­sonnes ont par­ti­cipé à cette enquête qui a cou­vert toutes les régions de Suisse. 28 asso­cia­tions sec­to­rielles y ont par­ti­cipé sous forme conso­li­dée, au nom de leur sec­teur. L’ana­lyse reflète l’état d’es­prit actuel de l’éco­no­mie suisse. Les pour­cen­tages indi­qués sont des valeurs approxi­ma­tives, expri­mant des ten­dances. Les réponses n’ont pas été pon­dé­rées à chaque fois.